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Tesla a donc publié hier soir ses résultats trimestriels, et pour aller droit au but, ils furent meilleurs qu'attendus sur le bottom line avec un EPS de 0,91$/action contre un "consensus" à 0,80$.
Je note aussi que les contributeurs spécialisés, et notamment @Troyteslike sur Twitter, qui font payer leur contenu "exclusif", s'étaient bien plantés dans leurs prévisions. Rien d'étonnant, ce n'est pas qu'ils soient mauvais, mais avec Tesla et sa croissance de 50%/an il y a bien trop de paramètres fortement mouvants pour pouvoir donner des prévisions fiables. En grande partie, prévoir les volumes, les chiffres d'affaires, les coûts et les marges, ça reste de la devinette au doigt mouillé. Aucun n'a une réelle "secret sauce", certains qui ont été proches de la réalité sur un trimestre se retrouvent ainsi loin le trimestre suivant, mais aucun n'a une fiabilité systématique. Le @Troyteslike avait ainsi prédit 0,8$ d'EPS, très loin des 0,91$ atteints.
C'est fun de lire leurs prévisions, mais ça ne sert en fait pas à grand chose !
Au niveau du Chiffre d'Affaires, j'avais anticipé entre 25 et 26Mds$, dont entre 21 et 22Mds$ pour la division auto. Au final, l'auto délivra bien 21,3Mds$, et le reste 3,6Mds$ seulement, donc 24,9Mds$ au global. Mon "erreur" d'appréciation venant de la division Energy, flat vs le Q1 (1509M$ au Q2 pour 1529M$ au Q1...). Tesla a simplement expliqué que le CA dépend de la réalisation ou pas de grands projets (certains étant à plusieurs centaines de M€).
Si on prend du recul et on regarde la croissance vs le Q2 2022 :
CA Auto : +46%
CA Energy : +74%
CA Global : +47%
EBITDA : +23%
Net profit : +20%
EPS : +20%
Cash dispo +22% (de 18,9 à 23,1Mds$)
Des taux de croissance plus que respectables compte tenu du contexte, on peut être quasiment certain qu'aucun GAFAM ne va faire mieux ! Bottom line, dans l'environnement macro compliqué actuellement, on peut en déduire que Tesla est bien plus que simplement résilient.
Musk a même ironisé sur leur niveau de cash, disant que c'était presque aberrant que dans une industrie aussi capital intensive ils en dégagent autant avec une telle croissance (qui suppose donc de lourds investissements). Il n'a évidemment pas tort ! Mais j'aurais aussi envie de dire que ce n'est que le début, Tesla construit et investit pour le futur, et ce qui paye un peu aujourd'hui payera surtout de manière incroyable demain, dans 5 à 10 ans.
Pour les investisseurs qui avaient les yeux braqués sur les marges, ils pourraient être globalement rassurés : alors que l'ASP voiture était bien en baisse sensible, la marge de Tesla sur l'automobile (ex regulatory credits) n'a chuté que de 90 points de base, de 19,0 à 18,1%, ceci grâce à une belle descente des coûts. Remarquable travail de Tesla sur ce plan.
J'ai également noté les éléments suivants lors de la Conf Call (je vous invite franchement à lire et relire, voir le lien ci-dessous) :
Le cap des 1,8M de voitures en 2023 encore et toujours confirmé
Musk a aussi de nouveau confirmé que le FSD sera prêt cette année. Tout en reconnaissant qu'il s'était déja plusieurs fois trompé dans le passé ! Pour ma part, je vois plutôt le FSD en 2024, et encore, ce serait déja incroyable.
Avec une puissance de calcul de dingue et une masse de data colossale (plus de 300 Millions de miles parcourues à ce jour avec le FSD), personne d'autre que Tesla ne pourra solutionner la conduite autonome.
Discussion en cours avec un constructeur majeur pour justement licencier le FSD ! Et Musk de préciser qu'ils seraient ravis de le licencier à d'autres.
Musk franchement très bullish sur les capacités d'IA de Tesla : "our artificial intelligence development is obviously entering a new era and we’re incredibly excited about what’s to come".
Tesla va investir environ 1Mds$ sur le Dojo sur les 12 prochains mois.
Tesla devrait produire un peu moins de voitures au Q3 car il y aura des temps d'arrêts dans les usines pour upgrader les chaines de production (en contrepartie, j'imagine que ces améliorations feront descendre les coûts, il s’agira aussi du refresh tant attendu du Model 3, avec de nouvelles batteries).
Musk toujours très bullish sur le Cybertruck.
Musk prévoit que dés l'année prochaine des robots Optimus seront concrètement à l'oeuvre dans leurs usines.
Au final, j'aurais simpement envie de conclure qu'à ce stade Tesla reste sur la trajectoire que j'anticipe de 2000Mds$ de CA vers 2030, au moins 300Mds$ de résultat net et une market cap de 8 à 10.000Mds$, soit une action vers les 2000$...
Ces résultats trimestriels me vont bien, et je profiterai donc du repli de l'action pour encore et toujours me renforcer, et à meilleur compte qu'hier ! On ne va pas se plaindre quand de beaux actifs sont en solde.
Tesla, 6ième market cap du marché US (après Apple, Microsoft, Google, Amazon et Nvidia), publiera ce mercredi 19 juillet ses résultats trimestriels du Q2.
On connait déja les volumes de vente de voiture depuis dimanche 2 juillet, un record de 466K voitures délivrées (et +10% vs le Q1), mais il reste à connaître le CA, la marge de production, et le bottom line (net profit et EPS).
Pour le Chiffre d'Affaires, je veux bien me risquer à quelques extrapolations car les paramètres sont en fait limités et relativement connus (on dispose des informations clés) :
1/ Prix par véhicule pour arriver au CA total de la branche automobile.
2/ Développement de la division Energy.
1/ Tesla indique toujours dans ses annonces de deliveries le split entre les modèles 3/Y, autour des 45-50K$, et S/X (disons le double pour faire simple), et en prenant en compte les price cuts vs le Q1, j'arrive à un CA automobile de l'ordre de 21 à 22Mds$ (nota 20,0Mds$ au Q1 2023, donc +5 à +10%). Le % supérieur de S/X ce trimestre (4,1% vs 2,5% au Q1) va tirer à la hausse le prix moyen, mais celui-ci devrait tout de même (assez significativement) être à la baisse avec les price cuts qui ont encore eu lieu en début de trimestre. Mais la magnitude de la baisse est une vraie inconnue, et en terme d'impact, c'est la plus importante.
2/ Pour le reste du business, dont la booming division Energy, j'extrapole autour de 4Mds$ de CA (3,4Mds$ au Q1) en maintenant simplement la même croissance que celle connue au Q1 (+70-80% vs 2022), notamment grâce au ramp up de la Megafactory de Lathrop en Californie. La croissance et la taille absolue de cette division font que ça va maintenant vraiment commencer à être pris en compte par le marché.
Au total, je vise 25 à 26Mds$ de CA pour Tesla au Q2. Les estimations des analystes, telles que reportées par Yahoo Finance, indiquent elles de 24,5 à 26,4Mds$. Je me situe donc plutôt en haut de la fourchette, mais pas non plus tout en haut.
A comparer aux 16,93Mds$ de CA au Q2 2022, soit une très belle croissance de l'ordre de +50%. Les GAFAM sont très loin d'afficher de telles croissances. Et à ce niveau absolu de taille, on ne parle pas d'une start-up avec quelques millions et même quelles centaines de M$ de CA, c'est assez remarquable.
Pour les marges, c'est simple, je pense qu'à ce stade c'est purement de la boule de cristal. Tesla est une grosse start-up qui évolue très vite avec des paramètres trop nombreux, trop mouvants et non connus de l'extérieur pour espérer donner une prévision un tant soit peu fiable.
Plutôt que de jeter un chiffre au doigt mouillé, et tellement peu fiable qu'il ne servira à rien, je préfère dire honnêtement que je ne m'y risque pas, car voila les nombreux paramètres (en plus du prix de vente moyen, qui est le paramètre principal, cf ci-dessus) :
Gros ramp up global du volume, impact sur la couverture des frais fixes.
Gros ramp up spécifiquement de Giga Berlin et Giga Texas, or on ne connait pas les coûts individualisés de chaque usine, Musk disait qu'initialement elles étaient des "fourneaux à brûler de l'argent", mais avec le volume leurs coûts de production baisseront sensiblement ce trimestre (simple de comprendre que quand on divise disons 200M$ d'amortissements par 30 ou 60.000 voitures/trimestre la différence est très conséquente !).
Avec la montée en volume de Giga Berlin, il y a aussi moins de transport Chine vers Europe, donc moins de coûts.
Les prix des matières 1ères, dont le lithium, ont continué à baisser, mais on ne sait pas dans quelle proportion.
Tesla améliore continuellement ses process de production, et drive à la baisse ses coûts, c'est dans son ADN, mais on ne sait pas quoi, quand, combien...
Enfin, il y a aussi un gros ramp up de la division Energy, personne ne connait franchement ses economics pour la simple raison que Tesla ne les a jamais donnés. Pour preuve certains voient à terme une gross margin de 25%, d'autres de 40 voire 50% ! Anybody's guess à ce stade, ce n'est pas de l'analyse, c'est du guess.
Pour la division voiture, il n'est pas impossible que l'ASP ait chuté de 2 à 3000$ par voiture, et qu'en contrepartie les COGS se soient améliorés de 500 à 1000$, soit au final une baisse de la marge par véhicule de 1000 à 2000$, soit schématiquement de 2 à 4%, ce qui est lourd.
Mais il n'est pas non plus impossible non plus que la baisse des COGS ait compensé en grosse partie une baisse des prix moins forte qu'anticipé, et donc on aurait au final un quasi maintien des marges (disons une baisse très faible).
Donc, wait & see le 19 juillet pour les marges.
Si je ne donne pas de marge sur ce trimestre , je reste optimiste sur la durée en partant juste du principe - certes très général et un peu vague - que Tesla est obsédé par l'efficacité et la réduction de coûts, et qu'à Austin (au siège) ils pilotent parfaitement et rationnellement l'arbitrage price cut/volume/marge.
Confiance dans leur ADN en substance, et dans le fait qu'ils sont et resteront le lowest cost producer...Même si donc sur ce trimestre les marges pourraient encore être en retrait vs le Q1 (et inquiéter le marché, cf tout en bas ci-dessous).
Je peux juste vous remonter ce que prévoient les "analystes" (or so they call themselves, pour certains faudrait plutôt les appeler les Madames Irma) :
Net profit entre 2 et 3Mds$ (cette large fourchette atteste bien du caractère guestimate plus que de l'analyse rigoureuse) avec une moyenne à 2,4Mds$ (vs 2,26Mds$ au Q2 2022).
EPS entre 0,64 et 0,93$, moyenne à 0,73$ (0,76$ au Q2 2022).
En détail, avec les écarts passées sur leurs estimates :
On verra celui qui aura été le plus près, mais je n'en tirerai pas plus de conclusion que cela. L'exercice reste du guestimate, celui qui aura été le plus près n'en sera pas pour autant le plus smart ! Jusqu'au jour où il y en aura un qui aura démontré qu'il est constamment le plus précis, preuve de sources et d'une méthodologie en béton. Actuellement, en l'occurence Troy Teslike se targue sur Twitter d'être "en moyenne" le plus proche, mais s'il fut le meilleur que le Q4 2022, il fut assez loin pour le Q3 2022, et pas non plus le plus proche pour le Q1 2023. La variabilité des performances d'estimation ne fait que prouver qu'il s'agit bien d'une boule de cristal et non pas d'une analyse imparable alimentée par des faits et chiffres indiscutables.
De toute façon, gros caveat et relativisation sur le fond aussi, il est nécessaire de préciser et même d'insister sur le fait que, pour une société en très forte croissance, avec autant de potentiel et avec des paramètres aussi mouvants, et même si c'est actuellement semble t'il la seule grosse question mark des investisseurs, l'intérêt et la pertinence de se focaliser sur les marges d'un seul trimestre est presque futile. Cela sert surtout néanmoins juste pour moi à mieux comprendre la cost bar et son évolution (ce qui suppose qu'il faut disséquer à fond et en détail le P&L).
Ce qui compte, c'est de comprendre intimement les fondamentaux et la où l'entreprise tend dans les 10 ans, en volume d'affaires comme en net profit et cash flow. Ca c'est vraiment franchement intellectuellement passionnant (car franchement challenging)...et surtout bien plus utile et lucratif !
Un challenge intellectuel financièrement rewarding, ça me va bien !
Ca permet notamment de prendre des positions à bon compte quand la majorité du marché, dont les piètres "petits pseudo analystes" ne faisant que tenter de lire dans leur marc de café (je veux dire les courbes graphiques), ne comprennent pas la société et la jouent à la baisse en se contentant de juste tirer des lignes (ie Tesla fin 2022).
Il n'est pas impossible que le marché, déçu par les marges de ce trimestre, renvoie Tesla vers les 250$ (donc une chute supérieure à -10%). j
Je me réjouirais alors clairement de pouvoir me renforcer à meilleur compte !
Mais, en cas de bonne surprise - marges donc très supérieures aux attentes - agrémentée d'un Musk enthousiaste et bullish durant l'earnings call (qui pourrait réitérer pour la nième fois que le FSD sera très bientôt prêt, sachant qu'il devrait un jour avoir raison !), il n'est pas non plus du tout impossible que Tesla prenne 10% après les earnings, et repasse alors allègrement la barre psychologique des 300$. Je ferais avec ;-)
De toute façon, plus rien ne me surprend avec cette action et sa sacrée volatilité, résultante de tant de spéculations...
Peut-être que vous vous délectez comme moi chaque matin du croustillant Morning Zapping de Marc Fiorentino, un point quotidien en semaine sur le monde économique, avec une approche didactique, de l’humour, et parfois même un ton caustique !
Dans son édito d’hier, il donnait les 2 versions existantes actuellement pour expliquer la persistance de l’inflation :
- D’un côté la « greedflation », à savoir l’inflation générée par les hausses des marges des entreprises. Ces dernières profitant justement de l’inflation pour passer des hausses de prix, bien au delà des augmentations de coûts.
- De l’autre la « wageflation », à savoir les hausses de salaires, demandées pour compenser les hausses de prix, mais parfois aussi jouer sur les déséquilibres entre offres et demandes d’emplois.
Bien évidemment je ne vais pas rentrer ici dans ce débat, mais force est de constater que les prix du champagne ont subi en 2022, et également sur ce début 2023, une belle inflation. De nombreuses cuvées ont ainsi pris 15 à 20% depuis 2 ans…
En parallèle, un œil avisé observera que les résultats financiers 2022 des 3 groupes de champagne côtés en Bourse (Lanson, Laurent Perrier, et Vranken Pommery) ont été en forte hausse sur 2021, avec une croissance du bénéfice très supérieur à la croissance du chiffre d’affaires :
- Vranken Pommery : +10% de CA en 2022, et +23% de résultat opérationnel. - Laurent Perrier : +1% de CA en 2022, et +10% de résultat opérationnel - Lanson : +7% de CA en 2022, et +79% de de résultat opérationnel
Néanmoins, pour le leader incontesté du secteur, LVMH, si on regarde la division Vins & Spiritueux, on découvre une hausse du CA de +19% en 2022, mais un résultat opérationnel en hausse de +16%, donc une légère contraction des marges opérationnelles. Et on notera que comparé à 2019, et donc en gommant les 2 années Covid 2020 et 2021, le taux de marge opérationnelle de cette division a baissé, passant de 31,0% en 2019 à 30,3% en 2022. On ne peut donc pas dire que pour LVMH et sa division Vins & Spiritueux il y ait eu de la « Greedflation » manifeste.
Après et quoi qu’il en soit, il faut réaliser qu’on est sur un marché d’offre et de demande, si les Maisons de champagne ont pu passer et faire accepter de belles hausses de prix depuis 2021, qui ont contribué à soutenir leurs marges, cela fut possible car la demande était toujours bien là.
Quelque part, un prix de vente est aussi le reflet de la désirabilité, et pour le champagne cette dernière est restée forte en 2022, globalement du moins (et surtout à l'export), avec un quasi record de bouteilles expédiées.
Sur 2023, où les producteurs ont passé de nouvelles hausses de prix, il semblerait par contre que la demande commence un peu à tirer la langue, y compris à l'international…Et c'est une autre simple réalité du marché, une entreprise peut parfois être trop « greedy », mais le consommateur lui a toujours le pouvoir de voter avec son portefeuille !
Sans transition on passe maintenant au monde du smartphone, et la rumeur veut que pour l'introduction des nouveaux iPhone 15 en septembre prochain Apple propose des price points encore plus élevés que la gamme 14.
Mais, après tout, l'iPhone étant devenu un outil strictement indispensable au quotidien, remplissant d'innombrables tâches et rendant d'innombrables services, sa valeur d'usage est telle que le prix peut presque devenir secondaire...
Si les marques de luxe ont un pricing power découlant de la forte désirabilité, celui d'Apple découle de l'incroyable valeur d'usage de leurs devices.
NB : article repris du post LinkedIn de Plus-de-Bulles ICI. Pour les amateurs de champagne et de l'économie du champagne, n'hésitez pas à vous abonner au fil LinkedIn ;-)
Apple a donc retrouvé vendredi dernier le cap des 3000Mds$ de capitalisation boursière, ce après les avoir furtivement atteint une 1ère fois en séance le 4 janvier 2022.
C'est la seule entreprise au monde à avoir jamais atteint ce niveau exceptionnel, qui est tel qu'on peut avoir du mal à se le représenter ! Mais pour donner une échelle de grandeur, posons simplement qu'Apple a plus de valeur boursière que l'ensemble des 40 "fleurons" français du CAC40 : LVMH + L'Oréal + Pernod Ricard + Stellantis + Sanofi, etc.
De son côté, LVMH est la 1ere market cap européenne, mais avec moins de 500Mds$ elle reste tout de même à très respectable distance de Cupertino.
Ceci étant, on peut dresser un parallèle remarquable et marquant entre Apple dans l'industrie du smartphone et LVMH dans l'industrie du champagne !
Dans l'industrie du smartphone (mais aussi de manière générale), Apple mène une claire stratégie de valeur qui porte largement ses fruits : avec 21% seulement des volumes de l'industrie, Cupertino grâce à son positionnement premium représente 50% environ du CA mondial de cette industrie, et capte surtout 80% des profits.
Et bien vous savez quoi, dans l'industrie du champagne, avec une stratégie identique axée sur la création de valeur, menée avec une maestria parfaite (expertise produit et marketing), nous estimons que LVMH a une domination et des metrics très similaires à celles d'Apple !
En effet :
- Avec 71M de bouteilles vendues en 2022, LVMH a représenté 22% des volumes de l'industrie.
- Ses marques fortes et premium (Moët & Chandon, Veuve Clicquot, Dom Pérignon, Krug, Ruinart), majoritairement vendues d'ailleurs à l'export où les prix sont plus élevés, lui assurent un revenu par bouteille sans doute au moins 2x supérieur à la moyenne de l'industrie (de 20€/col environ), et nous estimons alors que LVMH représente 45 à 50% du Chiffre d'Affaires de l'industrie du champagne.
- En poursuivant les analyses et en faisant quelques extropolations, nous sommes arrivés à la conclusion que LVMH captait aussi autour de 75% des profits ! Si l'entreprise ne communique pas séparément les chiffres et la rentabilité de sa division champagne, qui est englobée dans l'activité "vins et spiritueux", nous savons que cette dernière a généré en 2022 2,15Mds€ de résultat opérationnel pour 7,1Mds€ de CA.
Un parallèle entre Apple et LVMH absolument remarquable et bluffant, qu'on pourrait résumer par cette règle d'or 20/50/75 : 20% des volumes, 50% du CA et 75% des profits d'une industrie !
Apple a quasiment aujourd'hui retrouvé sa "couronne" des 3000Mds$ de market cap...qu'elle avait brièvement atteint il y a 18 mois, tout début janvier 2022.
A l'époque c'était avec un prix de l'action à 182$ environ, mais vu les share buybacks qu'il y a eu lieu depuis - 4% environ du nombre d'actions de l'époque ont été rachetées par Apple - le cours doit maintenant être plus haut dans les mêmes proportions pour toucher les 3000Mds$.
Spécifiquement, il faudra à Apple atteindre un peu moins de 191$ (190,73$ précisément), ce qui semble possible aujourd'hui vendredi 30 juin, ou dans les jours à venir (on était à 189,6$ hier soir en clôture à Wall Street).
Cependant, je suis prêt à prendre un double pari :
1/ Apple gardera sa couronne de 1ère market cap mondiale pendant encore 5 ans environ. Cupertino a mis en place une mécanique "boule de neige" imparable : de plus en plus de users qui achètent chacun de plus en plus de produits et de services, le tout avec des marges de plus en plus importantes. Objectif 1000-1200Mds$ de CA en 2030 (400Mds$ aujourd'hui pour faire simple) avec 250-300Mds$ de rentabilité nette (vs 100Mds$), market cap autour des 8000Mds$ (donc x2,7 vs les 3000Mds$ d'aujourd'hui). Cupertino continuant à racheter ses propres actions à bon rythme, le prix unitaire pourrait faire du x4, voire plus.
2/ Néanmoins, juste avant 2030, Cupertino devrait perdre sa couronne au profit de Tesla. Avec l'automobile, l'énergie, l'IA, la robotique, etc, Musk attaque des marchés potentiellement encore plus bien importants que ceux visés par Apple, et devrait s'y imposer grâce à ses nombreux avantages concurrentiels. J'envisage un CA de 2000Mds$ et 400Mds$ de résultat net au début des années 2030 (vs autour des 115Mds$ de CA et 15Mds$ de résultat net en 2023), amenant une market cap de l'ordre de 10-12.000Mds$. Ce pourquoi je pense que les courbes avec Apple devraient se croiser à la fin des années 2020...L'action Tesla devant atteindre 2000$ d'ici à 2030, donc du x8 à attendre d'ici la vs les 250$ d'aujourd'hui.
Petit point technique sur la valorisation d’Apple, qui est aujourd’hui valorisée un peu plus de 30x son forward EPS de 6$ : cela est élevé dans l’absolu, c’est aussi élevé historiquement pour AAPL, mais comparé à d’autres grandes entreprises consumer goods qui jouissent également de business sticky avec des taux de loyauté important donc une forte solidité et prévisibilité de leur flux de cash flows, même si avec des taux de croissance faibles (ie Coca, PepsiCo, Procter…), je ne suis pas plus étonné que ça et le cours ne me donc paraît pas non plus déconnecté.
Quant à Tesla, la metrics à considérer est surtout le PEG, et à 2,8 aujourd’hui il n’est pas non plus absurde (Apple est à 2,6) donc non, la valorisation actuelle, même après le +50% de gain depuis quelques semaines, n’est pas excessive (même si élevée !). Mais ça ne veut pas non plus dire que Tesla ne peut pas reperdre demain 20 ou 25%…avant de rebondir encore (j’ai largement déja étayé à quel point Tesla était une action hyper volatile) !
Je rigole même doucement quand je lisais certains qui, ne comprenant pas vraiment les choses, pensaient qu’à 170$ la valo était déja excessive 😂
Pas mal de mes amis, à qui j'ai conseillé en fin d'année dernière d'acheter Tesla (uniquement dans une optique long terme, et uniquement avec de l'argent dont ils n'auraient pas besoin ni aujourd'hui, ni demain ni après demain), et qui ont suivi ces conseils, me demandent aujourd'hui, après parfois pour certains du x2 et plus en quelques mois, quel est le court terme de l'action ?
Ma position n'a pas dévié d'un iota :
Je ne sais absolument pas ce que va faire l'action à court terme, va t'elle consolider autour des 250-260$ (le cours actuel), va t'elle continuer son rally, ou au contraire va t'elle se tasser de 20% ?
Personne ne le sait avec certitude de façon étayée, c'est de manière générale une supercherie intellectuelle que d'extrapoler des tendances à partir de courbes passées. Certes il y a des tendances, mais celles-ci peuvent s'inverser aussi rapidement qu'une météo en montagne, pour un nombre incalculable de facteurs, tant macro que micro, des facteurs matériels ou purement psychologiques. Regardez ce qu'il s'est passé après les derniers earnings il y a juste 2 mois, la vaste majorité des analystes voyaient Tesla consolider à court terme et ont réduit leur target à 12 mois à 190-200$ seulement environ...et le résultat l'action s'est envolée ! Comique et surtout très instructif. A court terme la Bourse c'est anybody's guess, on peut juste avoir un "sentiment" au doigt mouillé teinté d'astrologie ésotérique !
Je ne cherche même pas à le savoir ! A quoi bon si je suis investi pour le très long terme ? Si ce que je vise est de l'ordre de 2000$ dans 8-10 ans (en 2030-2032), ce pour des raisons fondamentales répondant à l'équation de base Massive Market Opportunities x Massive Competitive Advantages = Massive Value Creation, peu importe les fluctuations court terme et que l'action soit à 250 ou 200$ en ce moment (je préfère d'ailleurs 200$ si je suis dans l'optique de renforcer ma position !). Je ne perds pas de temps à lire ou écouter les analyses qui tentent de deviner ce que va faire l'action dans les semaines à venir (et pourtant certaines émanant de youtubeurs spécialistes que je respecte).
Mais je reste opportuniste (et toujours long terme) : si je vise 2000$ en 2030, que l'action s'est subitement fortement affaissée, et qu'il se trouve que je peux dégager des liquidités à cet instant, j'en profite pour acheter. J'ai déja cependant indiqué que la meilleure stratégie, et la plus simple, est d'acheter régulièrement de belles sociétés de (forte) croissance, au fur et à mesure où on a les capitaux pour cela. Peut-être juste moins, ou s'abstenir, quand la valorisation (en terme de PEG, et non pas de PE qui est meaningless pour des entreprises en forte croissance) devient excessive.
Surtout ne pas chercher à timer le marcher, non seulement ça ne marche que rarement, mais sur le fond vouloir timer relève d'une attitude spéculative qui va sur la durée minorer la performance. On ne peut pas spéculer et jouer le court terme avec de gros montants, car l'incertitude est trop importante, donc c'est forcément du gagne petit. Mais quand on a une conviction rigoureusement étayée sur le long terme, on peut mettre un gros paquet...qui paiera en proportion ! Je me rappelle de cet ami qui quand l'action était à 120$ me disait "attendre 80$ pour acheter", et quand elle était à 180$, "attendait un repli à 140$ pour acheter". Il attend toujours...Etonnante attitude irrationnelle, et pourtant l'ami en question gère aussi un fonds d'investissement. Faut croire qu'il y en a qui ne sont juste pas faits pour investir en Bourse !
Make it simple, comme le résumait tout simplement Peter Lynch"if a company does well, stock does well". Ce qui donne une ligne de conduite simple, achetez de belles boites de (forte) croissance, à des prix encore raisonnables (en terme de PEG)...puis patientez !
Complété par Warren Buffett : "it's far easier to know what will happen than when it will happen. Ou encore : "in the short term stock market is a gambling machine, in the long run a weighing machine".
Bref, soyez long terme, soyez rationnel, soyez simple, soyez serein, et ne cherchez pas à timer le marché et faire des allers-retours gagne-petits.
Investissez, retournez régulièrement à vos analyses, considérez les chiffres et les faits, patientez, ce agrémenté par quelques séjours à la plage !
On gagne bien plus d'argent à attendre sagement et patienter le temps que les fruits murissent tranquillement qu'à gesticuler !
La hausse de +15% cette semaine de Tesla est certes notable (et on est maintenant à +100% depuis le début de l'année), mais d'une part les fluctuations court terme ne sont pas mon sujet, et d'autre part cette hausse ne m'arrange pas vraiment moi qui ne pense qu'à me renforcer aux meilleures conditions (avec pour seul horizon les 2000$ vers 2030).
Ceci dit, silver lining, elle me fait avoir une petite pensée narquoise (mais compatissante) pour tous les short sellers et les aveugles qui ne comprennent pas l'entreprise et la valeur qu'elle créée. Petit constat au passage, sur la durée, et avant même la hausse de cette semaine, l'histoire nous enseigne que les short sellers Tesla sont en moyenne très largement plus perdant que gagnant. Mais on enlèvera jamais l'arrogance de certains à se croire plus fort que les autres...
Petite pensée aussi pour un ami qui, en début d'année quand Tesla était à 120$ attendait 80$ pour en acheter, puis quand elle était à 180$ attendait 140$ pour en acheter.. J'ai déja expliqué en quoi c'était tout simplement une attitude d'investissement irrationnelle qui ne fait aucun sens. Voila comment laisser passer des opportunités...
Back to Apple après cette petite disgression Tesla, comme anticipé, on a eu lundi soir un "one more thing" très attendu, avec l'annonce du 1er casque de réalité mixte, le Vision Pro, marquant ainsi l'arrivée dans une toute nouvelle catégorie, 8 ans après la précédente (l'Apple Watch en 2015), pour laquelle ils auraient déja investi 15Mds$ en R&D (info Mark Gurman).
A mon sens, c'est une introduction capitale; ce 5 juin 2023 devra être marqué d'une petite pierre blanche, du même niveau que le 9 janvier 2007 avec l'iPhone. Une nouvelle ère a commencé, et Cupertino l'a baptisée celle du "Spatial Computing", après le desktop computing de 1984 (Mac) et le mobile computing de 2007 (iPhone)...
On ne peut pas vraiment parler de "lancement" à proprement parler à ce stade, puisque Apple a annoncé sa commercialisation "début 2024" seulement, et encore ce ne sera qu'aux US initialement, avant d'être diffusé ailleurs plus tard. Ce qui veut sans doute dire le printemps 2024 pour eux, et l'été voire l'automne 2024 pour nous en France. Il leur reste donc visiblement pas mal de boulot, aussi bien en développement software (certaines features annoncées n'ont pas pu être testées par les invités, signifiant certainement qu'elles n'étaient pas prêtes, ie Siri ou la prise de photo & video en 3D) qu'en industrialisation, mais aussi certainement pour mettre au point les process de vente (il va falloir des démos, donc du staff formé et des espaces dédiés) et la logistique de distribution avec des contraintes inédites : plusieurs tailles de casque, et surtout les verres correcteurs Zeiss sur mesure. Point cocasse, ma vue a énormément évolué ces 10 dernières années, j'ai dû changer 5 ou 6x de paires de lunettes (de près et de loin), j'imagine le problème concret et le budget avec le Vision Pro à devoir refaire les verres adaptateurs à chaque fois !.
Heureux en tous cas les happy fews qui avaient été invités à l'événement pour voir, toucher et palper les incroyables nouvelles perspectives qu'offre le Vision Pro, il ont ainsi pu partager et étayer publiquement leur très grand enthousiasme.
Lors du lancement du Mac en 1983, l'ordinateur personnel existait depuis pas mal d'années (il avait été notamment popularisé par l'Apple 2), et idem pour l'iPhone, on avait déja à l'époque des Blackberry, des Treo, des Nokia, etc. Le Mac et l'iPhone d'origine n'étaient pas spécialement puissants, mais il réiventaient leur catégorie respective avec une interface bien plus user-friendly et révolutionnaire.
Contrairement au 1er iPhone qui était très limité (même pas de 3G, un écran médiocre, ie pas de copier-coller et encore moins de multitâches !) le Vision Pro est lui d'emblée extrêmement puissant et emporte une techno hardware de dingue (processeur M2, 12 caméras, 6 micros, 4 capteurs, etc). On avait déja des casques de réalité virtuelle (ie Quest), tout comme on avait déja aussi en 2007 des sortes de smartphones, mais le Vision Pro va très au delà et change tout, exactement comme l'iPhone l'avait fait.
Et puis dear Zuck, au delà des avancées technologiques de dingue du Vision Pro, hardware et interface, faut-il aussi te rappeler que, contrairement à Meta, Apple bénéfice de centaine de milliers de développeurs à qui Cupertino offre l'accès à sa base installés de plus de 1 Milliard de users fidèles, donc nul doute qu'ils vont magnifier et sublimer les possibilités offertes par le hardware...
Pour comprendre et appréhender ce que permet le Vision Pro, le mieux est de se plonger dans quelques videos, même si a priori elles ne traduisent qu'imparfaitement le wow effecttripal ressenti par les 1ers testeurs (véhiculer ce qu'on ressent physiquement avec le spatial computing 3D par de la 2D, c'est en effet pas simple !).
Commençons par celle qu'Apple vient de mettre en ligne :
Ci-dessous un feedback détaillé du seul YouTubeur français à avoir été invité à l'événement (Jean Baptiste Nicolet, de iCollection, près de 1M d'abonnés). Vous noterez que le terme "bluffant" a tout de même été prononcé 10 fois en 12 minutes...
Et pour ceux qui aiment aussi comme moi écouter en version originale, parmi les nombreuses videos que j'ai visionnées pour me faire une idée, je mets aussi celle-ci du site spécialisé Macrumors, tout aussi enthousiaste :
Pour synthétiser, le Vision Pro a franchement délivré un incroyable wow effect par :
Une expérience visuelle et immersive de dingue avec sous les yeux des écrans méga géants (en 4K) (Macrumors : "it was pretty incredible, it was insane. The Meta Quest is not even close to what you will experience with the Apple Vision Pro").
Une interface intuitive de dingue, révolutionnaire (on contrôle par les yeux, les mains, les doigts et la voix !).
Un produit très bien réalisé, aux matières premium, et confortable à porter.
J'imagine maintenant sans problème ce que le Vision Pro me permettra et m'apportera de plus vs mon MacBook et mon iPad (l'iPhone étant autre chose) : une consommation de contenus (photo, video, documents divers, web browsing, etc) incroyablement immersive, des videos et photos 3D incroyablement réalistes, des visios encore plus réelles, des moments de méditation incroyable...
Quand je travaille, je me documente, je lis des rapports, des analyses, je cherche de l'information à travers le web, je visionne des videos, puis je communique avec les uns et les autres pour partager. Tout cela pourra souvent être fait de façon plus efficace et agréable avec cette nouvelle plateforme.
Pour moi c'est simple, le Vision semble révolutionner la consommation de contenus...
En autres...
On pourra aussi assister à un concert ou à un match de foot, de tennis ou de basket, des choses donc bien concrètes, de façon totalement immersive et jamais vues auparavant.
Lu sur le web (l'analyste spécialisé Apple Neil Cybart, qui était l'un des invités) : "Apple Vision Pro allowed to me experience the real world like never before. A world filled with images, videos, and photo...We have not seen anything like it before. After using Apple Vision Pro for just a few minutes, it became clear this where the future is found. You don’t want to stop using the device. Apple Vision Pro makes the iPhone, iPad, Mac, and even Apple Watch feel like dated technology".
S'il y a 20 ans ma computing plaform était - forcément - exclusivement un ordinateur individuel, avec peut-être disons 8 heures par jour d'utilisation, aujourd'hui je ne dois sans doute passer que 4 heures/jour sur mon MacBook, 3 à 4 heures sur l'iPad et 1 à 2 heures sur l'iPhone, suivant les circonstances. Chacun des devices ayant sa zone de "use case" et de "dominance" pratique. De fait, le "spatial computing" apporte bel et bien des "plus" vs le desktop/laptop (Mac) et le mobile computing (iPhone & iPad).
Demain, ou après demain, j'imagine parfaitement que le Vision prendra du temps sur chacun de ces devices et rendra le travail, la communication, le visionnage de videos, de films et autres, l'absorption d'information de façon générale encore plus efficace dans certaines circonstances, plus agréable et plus immersif.
Inutile de chercher LA killer App, il y a tout simplement une tonne de use cases où le Vision délivrera une expérience supérieure aux autres plateformes.
D'ici quelques années, 10 ans tout au plus, un casque de réalité mixte sera probablement considéré comme tout aussi important au quotidien qu'un ordinateur ou une tablette, et on se demandera comment on faisait avant.
Une stratégie de pricing logique, qui va évoluer
Les technos utilisées pour le casque sont aujourd'hui coûteuses, c'est donc assez logiquement qu'Apple inaugure cette catégorie avec un modèle haut de gamme. Tout comme d'ailleurs Tesla s'était lancé avec un Model S (je ne parle pas de son 1er modèle, une Lotus transformée). Ou comme le 1er véhicule électrique d'Audi il y 4 ou 5 ans était l'eTron à 100K€. Pas le choix aujourd'hui, si Apple voulait vraiment proposer une expérience complète, que de mettre ces technos dans des modèles haut de gamme coûteux.
Par ailleurs, quand l'iPhone a démarré en 2007, le marché de masse était mûr, on avait déja tous un mobile et on connaissait les usages, ie email, Internet, iPod, cela faisait donc du sens d'avoir un price point relativement raisonnable (ie 500$). Ils en ont vendus 5M les 12 1ers mois puis 17M les 12 mois suivants. Ce n'est pas le cas du Vision, le public doit se faire à son usage et voir à quoi ça va lui servir, donc autant initialement le mettre dans la niche des early adopters avec un appareil puissant et coûteux.
Peut-être que Cupertino réduira ensuite le prix du Vision Pro de 20% pour passer sous les 3000$, tout comme il avait très rapidement baissé le prix de l'iPhone (de 599$ en juin 2007 à sa sortie à 399$ 3 mois plus tard en septembre, ça avait fait jaser à l'époque, certains y voyant un flop !), mais je pense qu'il restera un produit haut de gamme au prix élevé...justifié par la valeur délivrée.
Ainsi, à la question "do you think this is something that the average person will be able to afford ?", Tim Cook répondait de façon réaliste et pragmatique "I don't know. I think people will make different choices depending upon their current financial situation and so forth. The engineering and depth of engineering in it is mind-blowing. You've got more than a 4K experience in each eye. And of course it doesn't come for free. It costs something to do that. But I think it's a great value".
En clair, non, évidemment, à 3500$ ce n'est pas pour tout le monde, évidemment que Cupertino n'en vendra pas des millions à ce prix, mais une frange sera bien prête à débourser le prix vu la valeur que le produit délivre. Votre serviteur, probablement.
Maintenant, si Apple rentre dans la catégorie "spacial computing" avec un appareil à 3500$, le Vision Pro, qui à mon sens à vocation à rester haut de gamme et cher, évidemment qu'ils ne vont pas en rester la.
Pour reprendre leur terminologie, ils vont progressivement décliner (ils travaillent forcément déja dessus), et on devrait finir par avoir dans les années à venir un Apple Vision (tout court), un Vision Air, et pourquoi pas aussi un Vision Max et un Vision Ultra encore plus haut de gamme, avec potentiellement des price points à terme entre 999$ et 6000$, chaque niveau de gamme ayant des possibilités et des features bien segmentées.
Après le 1er iPad, qui avec du recul était déja magique mais franchement mal foutu (ce dos incurvé, quelle galère quand on le posait sur une table !), on a eu un 2ième iPad "thinner, lighter, faster" (voir mon post du...2 mars 2011 !), puis un iPad Air, puis 1 puis 2 iPad Pro, et aussi un iPad Mini. Ce sera pareil avec le Vision Pro, la V1, qui est déja top, va s'améliorer davantage à chaque itération annuelle, et plus tard, au fur et à mesure où la techno et les coûts des composants le permettra, on aura une gamme avec des price points variés rendant la plateforme accessible au plus grand nombre.
J'imagine qu'Apple n'en vendra pas plus d'1 million d'unités en 1ère année (donc ce sera matériellement insignifiant dans les comptes d'Apple en 2024), ce ne sera pas encore et de loin un device mainstream, mais je suis prêt à prendre les paris qu'ils vendront quelques dizaines de millions d'unités de Vision au total en 2030. Pour rappel, à la grosse louche, Apple c'est aujourd'hui 275M d'iPhone, 50M d'iPad, 40M de Watch et 25M de Mac vendus par an.
Le vrai tipping point de la catégorie serait probablement plutôt autour de 2026, quand Apple pourra introduire un Vision vraiment grand public à 999$ (voire en dessous ?), les technos étant alors devenues moins coûteuses. Donc mon hypothèse est qu'on est encore qu'au tout début et que ça va prendre quelques années avant de vraiment décoller.
Effet d'isolement ?
C'est une remarque et critique que j'ai plusieurs fois vu sur les réseaux sociaux. Mais à cela, j'aurais envie de répondre plusieurs choses :
D'abord le casque permet de voir l'extérieur et d'être vu de l'extérieur, donc non, ça ne coupe pas totalement (on peut d'ailleurs avoir dans les yeux ce qu'il y a sur l'écran de son Mac posé à côté sur la table).
Combien de personnes je vois en entreprise avec un gros casque audio (avec réduction de bruit) vissé sur leur tête toute la journée, pour justement mieux s'isoler et se concentrer sur ce qu'ils font ?
Dans la rue, je vois beaucoup de gens qui se déplacent en restant dans leur bulle.
Et ceux, notamment les jeunes générations, qui sont constamment les yeux vissés sur leur smartphone et les réseaux sociaux ?
Et sur le fond, quel est d'ailleurs le ressort de tous ceux qui vivent des vies parallèles sur les réseaux sociaux en s'échappant du réel ?
La recherche "d'isolement", on peut la critiquer, on peut penser que ça ne va pas dans le bon sens en proposant un casque qui la favoriserait, mais elle me paraît bien réelle...Elle n'est que partielle et temporaire, et se mettre un casque de réalité mixte 2 heures par jour me paraît bien moins nocif que de vivre non stop une vie parallèle sur les réseaux sociaux...
Sachant, il faut le répéter, que le Vision Pro ne vous déconnecte pas du monde extérieur et du monde réel. C'est même un point capital et différençiant, l'expérience avec le Vision est bien ancrée dans la réalité. Et c'est autrement puis puissant et à potentiel.
Demain étant normalement un jour très important pour Apple, puisque quasiment certainement ils devraient enfin dévoiler leur arrivée dans une toute nouvelle catégorie de produits, les casques AR/VR, je me disais que ce serait bien en ce dimanche tranquille de prendre un peu de recul, d'analyser les performances financières passées afin de back-upper de nouveau clairement et simplement le scénario pour le futur que j'ai déja plusieurs fois posé ici, à savoir une action entre 600 et 800$ en 2030 !
Je repose de nouveau la mécanique fondamentale d'Apple :
1/ Au niveau du volume d'affaires :
De plus en plus de users (environ 50M de news users par an qui rentrent dans l'écosystème Apple, le plus souvent via un iPhone). Actuellement, et très logiquement, on constate une grosse acquisition de new users dans les pays en développement, l'Inde et ses 1,4 Milliard d'habitants étant évidemment une des grosses zones géographiques en focus ces temps-ci. Mais il y a aussi l'Indonésie, le Mexique et les Philippines par exemple qui sont aussi d'autres gros réservoirs potentiels de new users.
Des users qui possèdent chacun de plus en plus de devices : parce qu'Apple en propose de plus en plus (iPad en 2010, casques Beats en 2014, Watch en 2015, Airpods fin 2016, etc), et que les devices s'intègrent à merveille entre eux avec la plus grande des facilités. Et que ses devices deviennent aussi des outils du quotidien que l’on juge de plus en plus indispensable.
Et des users qui prennent aussi de plus en plus de "Services" : parce qu'Apple en propose aussi tout simplement de plus en plus : depuis longtemps on a l'App Store, Apple Music, iCloud et Apple Care, puis sont venus, mais pas forcément proposés partout, Apple Pay, Apple Savings, Apple Card, Apple Cash, Apple Pay Later, Apple Arcade, Apple Fitness+, Apple News, Apple TV+, etc. En ce qui me concerne, depuis 2 ou 3 ans j'ai pris l'abonnement Apple One famille offrant 2To d'iCloud avec Music, TV+, Arcade et Fitness+, à tout de même 31,95$/mois. Et depuis 2022, je ne paye quasiment exclusivement plus qu'avec mon iPhone et Apple Pay, y compris mes achats sur Internet quand c'est proposé. A propos, certes les contraintes règlementaires du secteur bancaire sont horribles, et même si ce n’est clairement pas une priorité à cet instant pour Apple, je pense que Cupertino représente à terme une menace objective pour les banques traditionnelles. Mais qu’elles se fassent bien disrupter par un GAFAM plus proche des clients me paraîtrait franchement une chose pas forcément négative. Souvent staffées d’incompétents, lourdes en fonctionnement, inefficaces…
2/ Au niveau des financials :
Des ASP qui montent, parce qu'Apple sort des versions encore plus haut de gamme et plus chères (AirPods Pro et Max, Apple Watch Ultra, les Mac avec des puces "Max" et "Ultra") et que vu l'importance, l’utilité et la valeur dans nos vies de ces devices, une proportion grandissante de clients prennent ces versions haut de gamme avec plaisir (ie la part importante de users qui prennent le 14 Pro Max). Pour l’iPhone vu le taux d’utilisation qui peut être sans problème de 100 ouvertures par jour et de nombreuses heures dessus, le payer 3000€ pour 3 années par exemple d’usage quotidien intense ne serait ni choquant ni irrationnel. Combien il existe d’objets dans lequel on met des centaines d’€ et qu’on n’utilise pourtant que quelques fois par an seulement ?
Un taux de marge brute globale qui monte aussi, parce que toutes autres choses étant égales par ailleurs, la proportion dans le CA des Services est de plus en plus importante (ie un peu moins de 10% du CA total en 2013 et sans doute 21% en 2023, car leur croissance est très supérieure à celle des devices hardware) et qu'ils ont une marge brute de 70%+ vs seulement 35% environ pour le hardware. Ainsi, on est passé en 10 ans d'un taux de marge brute de l'ordre de 37% pour Cupertino à un taux qui frôle aujourd'hui les 44%. Et en extrapolant, Apple pourrait s’approcher des 50% de marge brute globale d’ici une dizaine d’années.
Enfin, les share buybacks, Apple rachetant en moyenne pour 20Mds$ par trimestre de ses actions, on en a ainsi environ 3%/an d'actions en moins, ce qui fait mécaniquement enfler l'EPS de l'ordre de 3% par an également, toutes autres choses étant égales.
Tout cela donne un business de style "consumer goods" sticky et une mécanique extrêmement performante et surtout très prédictible, ce que Warren Buffett adore. On est dans un écosystème avec de plus en plus de users qui achètent et remplacent régulièrement de plus en plus de devices, et utilisent de façon récurrente de plus en plus de services : une vraie boule de neige qui enfle mécaniquement en volume, en valeur et en marge.
Voici le graphique de la croissance de l'EPS, année après année, depuis 2009 :
Entre 2009 et 2022, sur 13 ans donc, l'EPS a fait du x19 (de 0,32 à 6,11$/share), ce qui correspond à du +25% par an en moyenne.
On a l'impression, en regardant le graphe, que l'EPS a surtout fait un gros boost en 2021, mais si je prends la période 2009-2020, l'EPS a fait x10, de 0,32 à 3,22$, ce qui correspond à 23,6%/an, et on reste donc toujours très proche de ces 25%.
Point important, on a donc +25%/an en moyenne sur ces 13 dernières années, mais il y a des années brillantes, des années de pic (2012, 2015 et 2021) comme des années décevantes, creuses, où l'EPS a baissé (2013, 2016, 2019).
Les leviers de ces belles et mauvaises années sont clairs :
Une itération des devices particulièrement excitante, ou pas, qui motive encore plus la base à upgrader, ou pas. Ce fut le cas en 2015 par exemple avec les grands formats d'iPhone 6 tant attendus (on parlait alors de « pent up demand »).
Les impact macros, crise économiques et influence forex. On a évidemment moins tendance à upgrader en période de crise économique et quand il y a du pessimisme sur l'avenir. C’est le cas actuellement.
Mais la base de devices (actuellement plus de 2 Milliards dans la nature) devant bien être upgradée un jour, nécessairement et mécaniquement, ce qui ne l'est pas sur une année donnée le serait d'autant plus l'année prochaine ou l'année suivante, ou l'année encore d'après. Et inversement, si lors d'une année il y a un fort taux d'upgrade, la base se calmera plus l'année suivante !
On le constate visuellement sur le graphique : un pic en 2012, suivi par 2 années de consolidation, puis ça repart fort en 2015, de nouveau 2 années de consolidation puis un bon boost en 2018, suivi de nouveau d'une consolidation sur les 2 années suivantes, et encore un (très) gros boost en 2021 (avec un effet démultiplicateur du Covid et des confinements), suivi d'une hausse cette fois-ci en 2022, mais modérée (et quelque part c'est déja très bien d'avoir encore une hausse en 2022 contrairement à 2013, 2016 et 2019). Et 2023 devrait aussi montrer une stagnation ou une légère baisse. On aurait bien alors de nouveau 2 années "molles" après le pic de 2021.
Le pattern des 10 dernières années est donc clair : un cycle de 3 ans, avec 1 année de gros boost, suivi de 2 années de consolidation. Ces cycles s'étant inscrits dans une tendance haussière globale de l'ordre de +25%/an.
Et à propos, que 2023 soit une année de stagnation voire même de légère baisse de l'EPS n'est clairement pas un problème, l'histoire long terme d'Apple semble maintenant bien comprise par le marché. La preuve en étant que malgré un Q1 2023 qui n'avait rien d'excitant (même si bien meilleurs qu'attendus), avec un CA en légère baisse et un EPS flat (relire ICI), le cours de Bourse d'Apple est actuellement quasiment à son plus haut historique.
Rien de choquant ni rien d’irrationnel, un cours de Bourse n’est jamais qu’une anticipation du futur et ne représente pas ce qu’il y a dans le rétroviseur ! C’est d’ailleurs particulièrement le cas de Nvidia, nouveau venu dans le club fermé des Trillion $ companies (actuellement repassée en dessous), valorisée près de 40x son CA et 200x ses résultats actuels, avec un PEG proche des 5, et qui sur ce plan est donc 3x plus chère que Tesla !
Il reste quelques "analystes" qui n’ont toujours rien compris et qui croient voir dans les chiffres ternes 2022 et 2023 le début de la fin d'Apple, mais ils font exception (cherchez sur Seeking Alpha le contributeur « Stone Fox Capital » qui depuis des années annonce la chute d’Apple, on doit bien avoir un post bearish tous les 15 jours, avec toujours les mêmes arguments qui ont pourtant montré à quel point ils étaient sans fondement. Au début ça m’amusait, mais être à ce point aveugle et borné en devient pathétique de bêtise intellectuelle. Je ne sais pas moi, mais chercher à comprendre le monde et les choses avec le plus d’acuité et de pertinence possible, changer d’avis honnêtement quand les faits montrent que vous avez tort, devrait être une motivation de tout être humain non ?).
A contrario, et même si le « sentiment » s’est clairement amélioré depuis l’Annual Shareholder Meeting d’il y a 3 semaines (pas de news mais juste une très belle énergie positive et enthousiaste), l’histoire long terme de Tesla ne fait pas encore le consensus, loin de la, sinon l’action serait déjà probablement 2x plus chère ! (À noter le PEG de 2,85 pour Apple contre seulement 1,6 pour Tesla, montrant ainsi que le marché la sous valorise). Mais en ce qui me concerne, puisque je ne cherche actuellement qu’à me renforcer au maximum sur Tesla, ça me va parfaitement (et donc, non, je ne suis pas heureux des +30% qu’a pris $TSLA depuis 3 semaines).
Pour rester focus sur Apple, si je prends les croissances de l'EPS entre les pics de 2012 ou 2015, et le dernier gros boost de 2021 :
2012 - 2021 : +15%/an
2015 - 2021 : +16%/an
Si je prends les croissances de l'EPS entre les creux de 2013 ou 2016, et le boost de 2021, la croissance moyenne est alors évidemment bien supérieure :
2013 - 2021 : +19%/an
2016 - 2021 : +22%/an
Si je prends les croissances de l'EPS entre les pics de 2012, 2015 ou 2018, et le "moins bon" 2022, la croissance moyenne reste toujours entre 15 et 20%/an:
2012 - 2022 : +15%/an
2015 - 2022 : +15%/an
2018 - 2022 : +20%/an
Mon estimation est qu'on a actuellement avec Apple une expansion mécanique de l'écosystème de l'ordre de 10-12%/an en volume de devices et d'abonnements services (consequence du nombre de users x devices et abonnements/users, résultant en une hausse mécanique de l'EPS encore plus importante de l'ordre de 15 à 20%/an (comme vu plus haut effet du pricing, de la marge et des buybacks).
Back-up concernant l'augmentation en volume, Cupertino indiquait fin janvier 2022 qu'ils avaient une base installée activée de devices de 1,8 Milliard, et début février 2023 on était "au dessus des 2 Milliards". Soit bien une croissance de 10-12%, et ce dans une année 2022/2023 plutôt "molle". Et en terme d'abonnements payants aux Services, on était à 828M à la fin de Q1 2022 et 978M à la fin du Q1 2023 (calendaire), soit une hausse de +18%.
Le +15 à +20% par an en moyenne de croissance de l'EPS, sur les 8 ans entre 2022 et 2030, donne bien le x3 à x4 que j'ai plusieurs fois exposé ici et qui nous amène, avec un P/E stable (hypothèse), du 600 à 800$ l'action comme anticipé.
Evidemment, on n'aura pas le "10-bagger" que j'anticipe potentiellement sur Tesla, mais on a néanmoins une très belle croissance (beaucoup de fonds d'investissement seraient d'ailleurs plus que très heureux de délivrer du x3 à x4 en 8 ans à leurs souscripteurs), et ce avec un degré de certitude très élevé car il s'agit d'une vraie mécanique.
A noter que sur la période 2007-2022, donc en 15 ans, le S&P500 a délivré du x3 (en gros du +7,5%/an), incluant notamment les 2 lourds bear markets de 2008 (-38%) et 2022 (-19%).
Apple est au final un superbe investissement, délivrant un rendement élevé (même si pas exceptionnel) d'au moins 15%/an en moyenne, double de celui du marché (S&P 500), ce avec un fort degré de probabilité.
En somme, le placement "buffettien" dans toute sa splendeur ! Plus de 20% du patrimoine de Berkshire Hathaway (et donc de Warren) et plus de 40% de son portefeuille boursier, est actuellement investi dans Apple, on comprend pourquoi. C’est l’un des meilleurs placements possibles pour pères de famille avisés !
Rendez-vous maintenant demain soir à 19h (10h à Cupertino) pour suivre en direct le Keynote de la WWDC et l’introduction du headset AR/VR (en masterpiece, mais il n’y aura pas que ça). Je suis plus qu’intrigué par la façon dont ils vont le positionner, en prix comme en use cases.
Apple propose des « outils » du quotidien, incorporant une valeur concrète très importante malgré un prix premium sur le marché (« price is what you pay, value is what you get »), Mais diable, quelle valeur et quelle utilité ils vont devoir avancer pour justifier le prix supposé de 2500$ ? Il y a quelque chose qui ne colle pas, ou que je ne comprends pas, ou alors il y a un élément manquant…
Pour illustrer la dichotomie entre Prix et Valeur, je rappelais d’ailleurs justement hier à un ami à quel point j’étais plus que satisfait du pourtant horriblement totalement dispendieux Magic Keyboard for iPad. A 369€ (pour l’iPad Pro 11 pouces, et 429€ pour le 12.9 pouces), c’est un prix objectivement dingue…mais je me réjouis néanmoins tous les jours du produit car c’est d’une utilité et d’un plaisir inouï au quotidien ! Et donc la valeur apportée justifie parfaitement le prix (du moins pour moi, dans mon contexte avec mon type d’usage). Réflexion générale dans la vie au passage, il faut toujours analyser les choses sous l’angle de la valeur qu’elles vous apportent spécifiquement, et non pas simplement de leur prix ou de leur coût…Et comme disait ma grand mère, un produit de merde, quel que soit le prix, c’est toujours trop cher.
Je me rappelle qu’en 2010, lorsque Steve Jobs avait introduit l’iPad, le marché avait auparavant supputé un prix de 999$, et quand à la surprise générale Steve a annoncé 499$ (en insistant d’ailleurs sur le prix canon : « un appareil magique à un prix révolutionnaire ») il y a eu un élan d’enthousiasme à Wall Street (relisez mon post de janvier 2010 !). A ce stade, j’ai beaucoup de mal à conceptualiser comment Apple pourrait faire une entrée rationnelle et performante sur le marché du headset avec un appareil aux 2500$ supposés de price tag, alors quelque part je crois encore à une surprise « à la iPad », d’une façon ou d’une autre !
Soit le prix sera plus bas qu’attendu, soit il sera justifié par un use case inédit et révolutionnaire au quotidien qu’on a pas pû imaginer. Soit un peu des 2. Ou Apple veut juste à ce stade prendre une position d’observation et d’attente sur ce marché avec un produit qu’elle sait initialement de niche par son pricing, n’envisageant que quelques tous petits millions d’unités vendues la 1ère année, ce qui serait pour Cupertino une approche assez inédite ? (Quelques analogies cependant avec les Watch en or à 17.000€ proposées au lancement, pour voir…et vite arrêtées ! Mais ce n’était qu’une série particulière).
N’oublions pas aussi, pour contexte, que Tim Cook est un manager exceptionnel, d’une rigueur hors pair et redoutable, c’est un analytique laser sharp, pour qui le hasard et la chance ne doivent pas faire partie de l’équation, tout doit être back-uppé précisément. Et Apple est l’une ou la société la mieux gérée au monde (l’un des signes qui ne trompent pas, c’est la seule GAFAM à ne pas avoir procédé à de mégas plans de licenciements, après les dérives d’investissement et d’embauche de 2020-2022). Apple n’a pas eu à déclarer 2023, comme l’a fait Meta à Zuckerberg, « l’année de l’efficacité », car ça n’a jamais cessé d’être le cas ! Donc s’ils sortent le casque à ce stade, après 7 ans de développement quand même, c’est qu’il y a bel et bien une stratégie articulée et mûrement soupesée derrière, même si initialement les ventes restaient confidentielles en volume à cause du price tag. Et j’ai hâte de la comprendre.
Après une année 2022 horribilis, Big Tech est revenu en force sur 2023, éclipsant totalement les performances du marché général.
Ceux qui avaient enterré un peu vite la Tech (prolongeant juste le trait sur les tendances 2022) en sont pour leur frais, tant pis pour eux s'ils ne comprennent et ne savent pas prendre en compte les dynamiques d'innovation et de croissance.
J'ai même vu sur Twitter un jeune présomptueux arrogant, je tairais son nom (du moins publiquement, le gars fait commerce de ses prévisions et vend des formations à la Bourse !), qui prévoyait une nouvelle mauvaise année pour la Tech et ne recommandait sur 2023 que 2 valeurs uniquement : Walgreens (WBA) et 3M (MMM). Rationnel : les multiples sont raisonnables (autour de 10x) et elles versent des dividendes à hauteur de 6%. Quel raisonnement puissant et étayé...wow...Bilan : ces 2 sociétés ont perdu plus de 20% depuis le début de l'année…
Ah ces charlatans écervelés, sans background économique et financier sérieux, sans aucune crédibilité objective, qui sur le fond ne font que vivre aux dépends de gogos naifs…qui quelque part le veulent bien...Si je n'ai que du mépris et du dégoût pour ces charlatans, je me demande tout de même si on ne pourrait pas aussi enseigner au grand public le bon sens dans la vie, dans ses choix et ses prises de décisions, enseigner le sens critique et le fait de tout le temps rester factuel, recouper les choses, qui croire, qui écouter, à qui faire confiance pour se faire conseiller...
C’était juste une courte mais nécessaire disgression en ce samedi de début de week-end, retour maintenant aux Big tech.
J'inclus désormais Nvidia dans mon récap, c'est la moindre des choses car avec 770Mds$ c'est devenu la 5ième plus gross market cap du marché (après Apple, Microsoft, Google et Amazon), devant Meta (630Mds$) et Tesla (570Mds$). Une valorisation très "riche" compte tenu du CA de seulement 30Mds$ environ. Quand on est valorisé 25x son CA, il faut délivrer sans relâche une croissance exceptionnelle, or celle de Nvidia est plutôt de l'ordre de 25%/an.
Si c’est une très belle croissance dans l’absolu, c’est néanmoins assez téméraire de justifier dans ces conditions une telle valo, mais Mr Market s'est clairement entiché de Nvidia (ainsi que d'autres valeurs "IA" par ailleurs) et se montre donc très généreux dans sa dote de P/E. Combien de temps ses amours et sa générosité à l'égard de Nvidia (certes une très belle jeune fille) dureront, anybody's guess...Les bulles, ça gonfle un certain temps avant d'éclater...
A voir le graphique et les performances ci-dessus, on a l'impression qu'Apple est un peu rentré dans le rang sur 2023 en terme de croissance de l'action vs celle de ses pairs Big Tech. C’est factuel, mais pour relativiser, il faut aussi prendre en compte qu'elle avait bien mieux résisté en 2022, et de facto c'est celle qui est toujours aujourd'hui la plus proche de son plus haut historique (182$ le 4 janvier 2022), ci-dessous.
Au contraire comme on le voit ci-dessus, Tesla a elle une grosse marge avant de retoucher son plus haut de l'automne 2021 (au dessus des 400$ l'action), qui était de fait un niveau totalement excessif et bullesque, la valorisant 23x son CA d'alors (clin d'oeil et parallèle aux 25x de Nvdia actuellement !). Dans un post de début d'année j'extrapolais que je ne la voyais pas retoucher son plus haut avant la fin 2024 (basé sur sa croissance et sur mes prévisions de CA et de bénéfice, et un multiple plus "rationnel"), mais comme toujours et comme tout ce qui touche aux prévisions boursières court terme, à prendre avec un gros grain de sel car la « rationalité » n’est là que sur le long terme en Bourse, et à ne surtout pas prendre comme base de décision. Mr Market peut très bien s’énamourer de nouveau de Tesla et faire flamber irrationnellement l’action…comme tomber dans un état dépressif…
En 2021, dans son chemin vers les sommets, Tesla était déja ponctuellement clairement trop cher à 10-12x son CA de l’époque, ce qui ne l’a pas empêché de poursuivre, à 15x, puis à 20x…pour culminer à 23x, avant de redescendre à 5-6x aujourd’hui, donc une division par 4 (comparaison Apple est à 7x). Comme je mettais plus haut, une bulle ça finit par se dégonfler, c’est une certitude, mais difficile de savoir quand. Comme toujours en Bourse, le what est clair, le when beaucoup moins (sauf pour les Madames Irma et autres astrologues de la Bourse qui évidemment prétendent savoir).
Pour ma part, la seule chose que je vise et la base sur laquelle j’ai pris une décision long terme c’est 2000$+ vers 2030, que l’action soit à 200 ou 500$ fin 2024 n’a aucune espèce d’importance à ce stade. Sauf qu’en 2024 si l’action n’est qu’à 200$ je pense que je me régalerais de l’aubaine, mais on verra cela en temps voulu.
Sur le fond, j'ai envie de dire pour Tesla, en français dans le texte : "being a Telsa shareholder is a cahotic and wild journey, enjoy the ride !". Mais c'est également surtout un voyage intellectuellement passionnant si on s'intéresse d’abord aux développements économiques de l'entreprise et ses nombreuses innovations disruptives qui vont bien au delà des véhicules électriques : la conduite autonome, la robotique, l'IA, etc.
Il est encore plus intéressant d'avoir une perspective moyen terme et de voir la croissance depuis l'avant Covid, avec le tiercé gagnant Nvidia, Tesla et Apple. Ce alors qu'Amazon et Meta sous performent le marché de façon assez nette, subissant ce qu'on pourrait appeler une crise de modèle. Grâce à ses fortes réductions de coûts et de capex depuis 6 mois Meta a rebondit, mais quid du top line dans le futur, quid du développement du « metaverse » et de sa monétisation ? Je ne dis pas qu’ils ne trouveront pas, mais qu’à ce stade c’est juste une question mark.
Les principaux constructeurs traditionnels sous performent tous le marché (+5% pour le S&P 500), de même que les nouveaux acteurs de l'électriques concurrents de Tesla, à l'exception de Li Auto.
Stellantis est le plus performant des traditionnels, mais il faut garder en tête qu’ils gagnent beaucoup d’argent sur les véhicules thermiques, car ils ont fortement augmenté les prix (de fait je pense qu’ils « milkent » le marché), tout en ayant réduit les frais de structure, mais en perdent aussi significativement actuellement sur le segment des VE qui est celui du futur. VW a d’ailleurs avoué il y a quelques jours qu’ils ne pensaient pas arriver à avoir les mêmes marges avec les VE avant 2026…Et Ford a lui aussi officiellement dévoilé il y a quelques semaines ses pertes colossales sur les VE.
Il est donc logique que les traditionnels cherchent à ralentir l’accélération de la transition vers l’électrique (qu’ils savent cependant bien inéluctable, et ils investissement massivement pour cela), afin d’avoir le temps d’améliorer leurs economics.
Mais le jeu de Tesla, et sa mission, c’est d’accélérer cette transition, et baisser le prix de ses voitures rentre évidemment dans ce cadre. J’imagine le nouveau Big Bang qu’il va y avoir fin 2024 quand le « Model 2 » de Tesla à 25K€ commencera à être disponible.
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