Il y avait ce week-end dans le JDD (Journal du Dimanche) un article assez bien fait, mais très critique, sur Marc Meneau, "la chute d'un 3 étoiles", dont j'avais récemment évoqué la décision de liquidation par le Tribunal.
On est en effet dans un cas typique de stratégie dont la meilleure définition est encore "l'art d'allouer le plus efficacement possible des ressources par définition limitées" (on peut penser le contraire, mais cela conduit souvent à du gaspillage de capitaux !). Plus prosaiquement, on peut résumer en disant qu'il faut se contenter d'avoir la stratégie de ses moyens...
En clair, Marc Meneau s'est lourdement endetté pour reprendre la 3ième étoile que le Michelin lui avait enlevé en 1999, décision qui avait fait très mal à son ego de grand artiste. Viser le top et la perfection est une stratégie, mais ce n'était sans doute pas la meilleure pour lui, car coûteuse et risquée dans le contexte d'un marché plutôt étroit à Vézelay, et de surcroît concurrentiel avec d'autres 3* en Bourgogne pas loin.
La perte d'une étoile, pour un 3*, peut conduire à 20 ou 25% de CA en moins. A cet état, l'alternative est simple : la 1ère option consiste à tout faire, et donc investir et prendre des risques, pour la récupérer, la 2ième consiste à en prendre son parti et ajuster sa structure de coûts en conséquence...
De fait, comme le soulignait l'article, dans le contexte de son marché bourguignon, Marc Meneau aurait été certainement bien plus inspiré à non pas courir après la 3ième étoile, mais à chercher tout simplement à rester le meilleur 2* de province, offrant un rapport qualité/prestations/prix extraordinaire.
Je discutais d'ailleurs la semaine dernière avec un très grand chef 3* de Paris qui me confiait assez crûment que Marc Meneau "avait un peu déconné" et avait été un très mauvais gestionnaire, ne faisant pas attention à ce qu'il dépensait. Alors que lui, dans son restaurant parisien où il faut réserver plus d'un mois à l'avance pour espérer une place, il regarde et négocie maintenant tous les budgets de très près, les ingrédients en 1er lieu évidemment, mais aussi celui des serviettes ou des fleurs (qu'il a récemment divisé par 2 !).
Aux dernières nouvelles concernant Marc Meneau, le coup de grâce pourrait encore venir du Michelin qui lui retirerait pour la 2ième fois sa 3ième étoile, le mettant alors immédiatement dans une situation encore plus difficile économiquement.
Il se murmure aussi que Taillevent la perdrait lui aussi, de même que "la Ferme de mon Père", l'ex restaurant de Marc Veyrat vendu à Roger Zannier, le roi de la mode enfantine.
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